Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/85

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peur de lui montrer un peu de pitié, car on pourrait l’interpréter à mal, et croire que vous êtes le frère ou l’ami de la victime. Et si l’on supposait que vous êtes capable des mêmes forfaits, si l’on disait de vous : — Voyez cet homme qui tend la main au proscrit, n’est-il point son compagnon de misère et d’infamie ? — Oh ! plutôt que de faire dire cela, lapidons le proscrit ; mettons-lui notre talon sur la figure, achevons-le ! Apportons notre part d’insulte parmi la foule qui le maudit. Quand la charrette hideuse emporte le condamné à l’échafaud, le peuple se rue à l’entour pour accabler d’outrages ce reste d’homme qui va mourir. Faites comme le peuple, Sténio ! Que dirait-on de vous, dans cette ville où vous êtes étranger comme nous, si l’on vous voyait toucher sa main ? On penserait peut-être que vous avez été au bagne avec lui ! Plutôt que de vous exposer à cela, jeune homme, fuyez le maudit ! L’amitié du maudit est dangereuse. L’ineffable