Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/177

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mieux rester dans le calme où vous prétendez être, que descendre à partager mes ardeurs, mes tourmens, mes orages. Vous avez beaucoup de sagesse et de logique en vérité, et, loin de discuter avec vous, je fais silence et vous admire.

Mais je puis vous haïr, Lélia, c’est un droit que vous m’avez donné et dont je prétends bien user. Vous m’avez fait assez de mal pour que je vous consacre une éternelle et profonde inimitié ; car, sans avoir eu aucun tort réel envers moi, vous avez trouvé le moyen de m’être funeste et de m’ôter le droit de m’en plaindre. Votre froideur vous a placée, vis-à-vis de moi, dans une position inattaquable, tandis que ma jeunesse et mon exaltation me livraient à vous sans défense. Vous n’avez pas daigné avoir pitié de moi, cela est simple ; pourquoi en serait-il autrement ? Quelle sympathie pouvait exister entre nous ? Par quels travaux, par quelles grandes actions, par quelle supériorité vous avais-je méritée ?