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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/56

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me trouvait brisée de fatigue, plus pâle que l’aube, les vêtemens souillés, et n’ayant pas la force de relever mes cheveux épars où l’eau ruisselait.

» Souvent encore j’essayais de me soulager en poussant des cris de douleur et de colère. Les oiseaux de nuit s’envolaient effrayés ou me répondaient par des gémissemens sauvages. Le bruit répété de voûte en voûte ébranlait ces ruines chancelantes, et des graviers, croulant du haut des combles, semblaient annoncer la chute de l’édifice sur ma tête. Oh ! j’aurais voulu alors qu’il en fût ainsi ! Je redoublais mes cris, et ces murs, qui me renvoyaient le son de ma voix plus terrible et plus déchirante, semblaient habités par des légions de damnés, empressés de me répondre et de s’unir à moi pour le blasphême.

» Il y avait à la suite de ces nuits terribles des jours d’une morne stupeur. Quand j’avais réussi à fixer le sommeil pour quelques heu-