Page:Sand - L Autre.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

HÉLÈNE.

La société, la nature, la morale s’accordent pour nous dire : « Le père que je t’impose, c’est l’époux de ta mère, je ne t’en reconnais pas d’autre… » et, si le mari a tué le père, si…

CÉSAIRE.

Vous m’effrayez, Hélène ! Vous avez donc la fièvre ?

HÉLÈNE, toujours plus exaltée.

Il me faudrait pourtant choisir entre ces deux meurtriers : celui qui a tué l’honneur de ma famille, et celui qui a tué l’homme auquel je dois la vie !

CÉSAIRE.

La position serait cruelle, mais…

HÉLÈNE.

Elle est atroce, Césaire !… (Abattue.) Mais tout ceci est une supposition pure !…

CÉSAIRE.

Bien sombre, ma chère enfant ! Vous avez l’esprit frappé !

HÉLÈNE.

Et l’âme malade, très-malade ! Je réfléchirai… Je me calmerai… Bonsoir, mon ami !

CÉSAIRE. Fausse sortie.

Pourtant la nature ! c’est quelque chose, Hélène ! moi, je suis… vous le savez peut-être, l’enfant d’une personne qui n’a pu me reconnaître…

HÉLÈNE.

Je ne le savais pas !… Pardonnez-moi de vous avoir rappelé…

CÉSAIRE.

Oh ! moi, je chéris le souvenir de ma mère !…

HÉLÈNE.

Oui, mais l’autre ?…