Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/132

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j’ai demeuré quelque temps, les savants sont généralement pauvres et faiblement encouragés, quand ils ne sont pas persécutés par le fanatisme religieux.

Cette réponse transporta de joie le géologue, qui avait un grand amour-propre national, et plut infiniment à la comtesse, qui dédaignait la France.

— Vous avez bien raison, dit-elle, et je ne comprends pas votre oncle de vous avoir fait élever ailleurs que dans votre pays, où le sort des étudiants est si honorable et si heureux.

— Il tenait, répondit à tout hasard Cristiano, à ce que je pusse parler les langues étrangères avec facilité ; mais, en cela, je pense qu’il n’était pas besoin de m’envoyer si loin, car je me suis aperçu qu’ici on parlait français comme en France.

— Ceci est une politesse dont nous vous remercions, dit la comtesse ; mais vous nous flattez. Nous ne le parlons probablement pas aussi bien que vous. Quant à l’italien, nous le parlons encore moins bien, quoiqu’il entre dans notre éducation, pour peu qu’elle ait été soignée. Vous le parlerez avec ma nièce, et, si elle l’estropie, moquez-vous d’elle, je vous prie ; mais d’où vient que M. Goefle tenait tant aux langues vivantes ? Est-ce qu’il vous destine à la carrière diplomatique ?