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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/107

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mourir entre ses mains et la terreur puérile que lui causait le grognement des oursons vivants à côté de lui ; le traîneau renversé, les armes éparses, la mine effarée et pourtant malignement satisfaite du jeune danneman ; le maigre cheval fumant de sueur qui mangeait la neige avec insouciance, et par-dessus tout cela la fantastique figure de Stangstadius, illuminée d’un sourire de triomphe passé a l’état chronique, et sa voix aiguë pérorant sur la circonstance d’un ton tranchant et pédantesque. C’était une scène à ne jamais sortir de la mémoire, un groupe à la fois bouffon et tragique, peut-être incompréhensible à première vue.

— Mon pauvre docteur, disait Stangstadius, il ne faut pas vous le dissimuler, si votre malade en réchappe, il aura une belle chance ! Mais ne vous imaginez pas que la chute soit pour beaucoup dans son état, le coup de sang était imminent depuis vingt-quatre heures. Comment n’aviez-vous pas prévu cela ?

— Je l’avais tellement prévu, répondit le jeune médecin avec quelque dépit, que je vous le disais, il y a une heure, monsieur Stangstadius, quand il a reçu au pavillon de chasse cette lettre qui a bouleversé ses traits. Si vous l’avez oublié, ce n’est pas ma faute. J’ai fait tout au monde pour empêcher