Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/115

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qu’il ne se sentait plus le courage de chercher à en savoir davantage pour le moment.

Le changement brusque survenu dans l’atmosphère ne contribuait pas peu à sa mélancolie. Le soleil, couché ou non, avait entièrement disparu dans un de ces brouillards qui enveloppent parfois soudainement son déclin ou son apparition dans les jours d’hiver. C’était un voile lourd, morne, d’un gris de plomb, qui s’épaississait à chaque instant, et qui bientôt ne laissa plus rien de visible que le fond de la gorge, où il n’était pas encore tout à fait descendu. À mesure qu’il en approchait, il se développait en ondes plus ou moins denses, et refusait de se mêler à la fumée noire qui partait de grands feux allumés dans les profondeurs pour préserver quelques récoltes ou pour conserver libre quelque mince courant d’eau.

Christian ne demanda même pas à Olof quel était le but de ces feux ; il se laissait aller au morne amusement de regarder poindre leurs spectres rouges, comme des météores sans rayonnement et sans reflet, sur les bords du strœm, et à suivre la lutte lente et triste de leurs sombres tourbillons avec la brume blanchie par le contraste. Le torrent glacé se montrait encore ; mais, par d’étranges illusions d’optique, tantôt il paraissait si près du chemin, que Christian