Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/130

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croyez-vous qu’il n’y ait pas là de quoi rêver la nuit et trembler quand on entend son nom ?

— Eh bien, dit le major, ne tremblez plus, mesdames ; nous avons vu toute la journée la figure de Christian Waldo, et, quoi qu’en ait dit hier au soir M. le baron, sa prétendue tête de mort est la tête du jeune Antinoüs. N’est-il pas vrai, lieutenant, que c’est le plus beau jeune homme qu’on puisse imaginer ?

— Aussi beau qu’il est aimable, instruit et brave, répondit le lieutenant.

Et le caporal Duff, qui se tenait dehors, la pipe à la bouche, écoutant la conversation, éleva la voix, comme malgré lui, pour vanter la cordialité, la noblesse et la modestie de Christian Waldo.

Marguerite ne fit ni questions ni réflexions ; mais, tout occupée qu’elle semblait être d’agrafer sa pelisse, car on s’était levé pour partir, elle ne perdit pas un mot des éloges décernés à son ami de la veille.

— D’où vient donc ? dit Olga, qui s’apprêtait à la suivre, qu’un homme instruit et distingué fasse un métier, je ne veux pas dire honteux, mais frivole, et qui, après tout, ne doit guère l’enrichir ?

— Ce n’est pas un métier qu’il fait, répondit le major avec vivacité, c’est un amusement qu’il se donne.

— Ah ! permettez, on le paye !