Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Eh bien, nous autres militaires, on nous paye aussi pour servir l’État. Est-ce que nos terres et nos revenus ne sont pas le salaire de nos services ?

— Il y a salaire et récompense, dit Marguerite avec une mélancolique douceur. Mais le froid se fait bien sentir : est-ce que nous ne partons pas ? Il me semble qu’il n’y aurait aucun danger sur le lac.

Le major comprit ou crut comprendre que Marguerite avait un grand désir de causer avec lui, et il lui offrit le bras jusqu’à son traîneau, où il demanda à mademoiselle Potin de lui permettre de prendre place pour retourner au château. Quelques mots rapidement adressés au lieutenant firent comprendre à celui-ci qu’il serait agréable au major de voir Olga monter dans un autre traîneau avec lui et Martina Akerstrom, et le bon lieutenant, sans s’inquiéter de savoir pourquoi, obéissant comme à une consigne, fit accepter son offre à sa fiancée et à la jeune Russe.

Osmund put donc en toute liberté disculper chaudement Christian Waldo de la mauvaise opinion que Marguerite et mademoiselle Potin, sa discrète confidente, semblaient avoir de lui. Pour y parvenir, il n’eut qu’à raconter sa conversation avec Waldo et la résolution excentrique et généreuse que celui-ci avait prise d’embrasser une vie rude et misérable plutôt que de continuer une vie d’aventures qu’il