Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/153

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répondit Christian impatienté ; mais je l’ai fait exprès pour résister à la tentation de vous corriger, comme vous le méritez, de votre ivrognerie.

— Me corriger ! s’écria Puffo en s’avançant sur lui d’une manière menaçante. Allons-y donc un peu ! Voyons !

Et, en même temps, il brandit sur la tête de son patron une marionnette en guise de massue. L’arme, pour être comique, n’en était pas moins dangereuse, la tête du burattino étant faite d’un bois très-dur, pour résister aux batailles de la scène. En tenant la figurine par son jupon de peau et en la faisant voltiger comme un fléau, Puffo, en colère, pouvait et voulait peut-être briser le crâne de son adversaire. Christian saisit la marionnette au vol, et, de l’autre main, prenant Puffo à la gorge, il le renversa à ses pieds.

— Maudit ivrogne, lui dit-il en le tenant sous son genou, tu mériterais un solide châtiment ; mais il me répugne de te frapper. Va-t’en, je te donne ton congé, je ne veux jamais plus entendre parler de toi. Je t’ai payé ta semaine d’avance et ne te dois rien ; mais, comme tu l’as peut-être déjà bue, je vais te donner de quoi retourner à Stockholm. Lève-toi, et n’essaye plus de faire le méchant, ou je t’étrangle.