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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/154

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Puffo, un peu meurtri, se releva en silence. Ce n’était pas une nature d’assassin. Il était humilié et abattu. Peut-être sentait-il son tort ; mais il avait surtout une préoccupation qui frappa Christian : c’était de ramasser une douzaine de pièces d’or qui s’étaient échappées de sa ceinture, et qui avaient roulé avec lui sur le plancher.

— Qu’est-ce que cela ? dit Christian en lui saisissant le bras. De l’argent volé ?

— Non ! s’écria le Livournais en élevant la main avec un geste héroïque assez burlesque, je n’ai rien volé ici ! Cet argent-là est à moi, on me l’a donné !

— Pourquoi faire ? Allons, parle, je le veux !

— On me l’a donné, parce qu’on a voulu me le donner. Ça ne regarde personne.

— Qui te l’a donné ? N’est-ce pas ?…

Christian s’arrêta, craignant de montrer des soupçons qu’il était prudent de cacher.

— Va-t’en, dit-il, va-t’en vite ; car, si je découvrais que tu es quelque chose de pis qu’un ivrogne, je t’assommerais sur la place. Va-t’en, et que je ne te revoie jamais, ou malheur à toi !

Puffo, effrayé, se retira précipitamment. Christian, pour le tenir à distance, avait mis exprès la main sur le large couteau norvégien du major. La vue de cette arme terrible suffit pour effrayer le bohé-