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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/155

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mien, qui craignait surtout de voir Christian lui arracher son or, pour se livrer à une enquête sur la source de cette richesse inexpliquée.

Le Livournais sortit très-indécis du donjon. Johan, qui outre-passait quelquefois de son chef les intentions secrètes du baron, ne lui avait pas précisément donné de l’argent pour faire ce qu’en style de grand chemin Putfo appelait, un peu en tremblant, un mauvais coup, mais pour le décider à se tenir tranquille, si son maître était provoqué et entraîné dans une rixe fâcheuse. Johan l’avait confessé ; il savait par lui que Christian était bouillant et intrépide. Il lui avait fait entendre, sans compromettre le baron, que Christian avait déplu au château à quelqu’un de très-puissant, qu’on avait découvert en lui un espion français, un personnage dangereux, que sais-je ? Puffo n’avait pas compris un mensonge qui n’était peut-être point encore assez grossier pour lui. Ce qu’il avait compris, c’était la somme glissée dans sa poche. Son intelligence s’était élevée jusqu’au raisonnement suivant : « Si l’on me paye pour laisser faire, on me payerait bien plus pour agir. » Il avait donc eu l’idée de prendre les devants ; il avait cru trouver Christian sans armes et sans défiance : le courage lui avait manqué, et un peu aussi la scélératesse. Christian était si bon, que la main avait trem-