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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/168

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pas le droit de me conduire devant le maître, comme ce pauvre vieux intendant. Quel prétexte pourrait-on prendre ?

— Soyez donc tranquille, monsieur Goefle. Cette grande porte est solide, celle de la chambre à coucher ne l’est pas moins. Je vous réponds de celle de l’escalier dérobé ; j’y veille. Lisez, lisez vite. Nous aurons toujours un prétexte, nous autres, pour aller au château : on n’a pas décommandé les marionnettes.

— Oui, oui, certainement, il faut savoir où nous en sommes et qui nous sommes ! s’écria M. Goefle, exalté par l’esprit d’investigation qui est la question d’art dans le métier de l’avocat. J’aurai plus tôt fait que vous, Christian, pour rassembler ces fragments et déchiffrer ce grimoire ; c’est mon état. Cinq minutes de patience, je ne vous demande que cela. Quant à vous, monsieur Nils, silence ; parlez bas avec les marionnettes.

Et M. Goefle, avec une promptitude remarquable, se mit à rajuster les déchirures, à ranger les lettres par ordre de date, lisant à mesure, et complétant le sens avec un véritable coup d’œil d’aigle, explorant chaque sillon, chaque détour de ce mystérieux dossier, tantôt questionnant Christian, tantôt s’interrogeant lui-même comme pour se rappeler certains faits.