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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/189

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tomber à deux pas devant lui l’homme qu’il poursuivait. Le fugitif avait été pris pour lui par ses complices, ou bien ceux-ci avaient tiré au hasard sur tous deux, sans se soucier d’atteindre celui qui avait lâché pied.

L’homme que les balles venaient d’atteindre était Massarelli ; Christian reconnut sa voix, qui exhalait un rugissement d’agonie, au moment où il enjamba son cadavre. Il courut encore, afin de se donner le temps de se reconnaître pendant que les assassins ramasseraient ou tout au moins regarderaient Massarelli pour savoir qui ils avaient abattu. Puis il s’arrêta pour écouter, et il entendit seulement ces mots :

— Laissez-le là ; il est bien.

De quoi s’agissait-il ? Prenait-on Massarelli pour lui, et les assassins allaient-ils se retirer ? ou bien avait-on reconnu la méprise et allait-on continuer la poursuite ? En faisant de rapides zigzags dans le brouillard, Christian espéra se défaire d’eux un à un. Il essayait de compter les voix et les pas. Il avait un immense avantage, qui était d’avoir gardé, sans y songer, les bottes de feutre sans couture et sans semelle qu’on lui avait prêtées le matin pour la chasse. Cette souple chaussure ne gênait pas plus ses mouvements que s’il eût couru nu-pieds, et lui permettait en outre de ne faire sur la neige qu’un bruit ex-