Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/190

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trêmement léger, tandis qu’il entendait le moindre pas de ses adversaires chaussés avec moins de luxe et de précaution.

Il écouta encore. On venait à lui, mais on ne le voyait pas ; la marche était incertaine. Il entendit à dix pas de lui, ces mots rapides :

— Hé ? c’est moi !

Les bandits se rencontrant inopinément dans le brouillard, leur ordre était rompu. Rien de plus facile désormais que de leur échapper. Christian n’y songea pas. Il avait la rage au cœur ; il ne voulait pas que ces scélérats pussent retourner le chercher au Stollborg. Il les appela d’une voix forte en se nommant et en les défiant, reculant peu, mais courant comme des bordées pour les irriter et les désunir, espérant en joindre un, sans se laisser envelopper par tous. Sa présence d’esprit était si complète, qu’il put bientôt les compter ; ils étaient encore trois, Massarelli avait été le quatrième.

Malgré cette étonnante possession de lui-même, Christian éprouvait une surexcitation violente, mais qui n’était pas sans mélange d’un plaisir âpre comme l’ivresse de la vengeance. Aussi fut-il presque désappointé lorsque d’autres pas se firent entendre derrière lui, des pas aussi moelleux que les siens, et qui lui firent tout de suite reconnaître les bottes de