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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/191

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feutre dont étaient chaussés ses compagnons de chasse. Il craignait que les bandits ne prissent la fuite sans combattre. Il courut au-devant de ses amis, et leur dit bas et rapidement :

— Ils sont là, ils sont trois, il faut les prendre !… Suivez-moi et taisez-vous !

Et aussitôt, se retournant en droite ligne à la rencontre des ennemis, il s’arrêta au lieu où il les jugea à peu près rassemblés en se nommant de nouveau et en raillant leur maladresse et leur poltronnerie. À l’instant même, un des bandits l’atteignit au bras d’un coup de poignard, et tomba à ses pieds, étourdi et suffoqué par un coup du manche du couteau norvégien, que Christian lui porta en pleine poitrine. Christian n’avait été que blessé légèrement, grâce à sa veste de peau de renne ; il remercia le ciel de n’avoir pas cédé au désir d’éventrer le bandit comme il avait éventré l’ours de la montagne. Il était très-important de prendre vivant un des bravi du baron. Les deux autres, le croyant mort, jugèrent qu’avec leur chef ils avaient perdu la partie, et, se rapprochant l’un de l’autre à l’instant même, ils échangèrent, en un seul mot de leur argot, la formule désespérée du sauve qui peut ; mais ils avaient compté sans le major et le lieutenant, qui les guettaient et qui s’emparèrent de l’un, tandis que l’autre prenait la fuite.