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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/226

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— Non, dit Christian ; je vais t’y conduire. Veux-tu me donner la main ?

— Marche ! dit Karine, je te suivrai.

— Tu me vois donc ?

— Pourquoi ne te verrais-je pas ? Ne sommes-nous pas dans le pays des morts ? N’es-tu pas le pauvre baron Adelstan ? Tu me redemandes la mère de ton enfant ?… Je viens de prier pour elle et pour lui. Et à présent… viens, viens… je te dirai tout !

Et Karine, qui sembla tout à coup se reconnaître, franchit la porte et descendit l’escalier, non sans causer une vive terreur à Marguerite et à Martina, bien que le jeune Olof, qui s’était approché de l’escalier et qui avait tout entendu, les eût prévenues qu’elles n’avaient rien à craindre de la pauvre extatique.

— N’ayez pas peur, leur dit Christian, qui suivait Karine, et que suivaient les deux officiers, M. Goefle et le danneman ; examinez tous ses mouvements ; tâchez, avec moi, de deviner la pensée de son rêve. Ne fait-elle pas le simulacre de rendre les derniers devoirs à une personne qui vient de mourir ?

— Oui, répondit Marguerite, elle lui ferme les yeux, elle lui baise les mains et les lui croise sur la poitrine. Et, maintenant, elle tresse une couronne imaginaire.