Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/229

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» Laissez-moi, répondit Karine, qui était entrée dans une autre phase de son rêve, laissez-moi ! il faut que j’aille sur le hogar, au-devant de celui qui va revenir.

— Qui te l’a dit ? lui demanda Christian.

— La cigogne qui perche sur le haut du toit, et qui apporte aux mères assises sous le manteau de la cheminée des nouvelles de leur fils absent. C’est pourquoi j’ai mis la robe que la bien-aimée m’a donnée, afin qu’il vît au moins quelque chose de sa mère. Il y a trois jours que je l’attends et que je chante pour l’attirer ; mais le voici enfin, je le sens près de moi. Cueillez des bluets, cueillez des violettes, et appelez le vieux Stenson, afin qu’il se réjouisse avant de mourir. Pauvre Stenson !…

— Pourquoi dites-vous : Pauvre Stenson ? s’écria Christian effrayé. Vous apparaît-il dans votre vision ?

— Laissez-moi, répondit Karine. J’ai dit, et à présent la vala retombe dans la nuit !

Karine ferma les yeux et chancela.

— Cela signifie qu’à présent elle veut dormir, dit le danneman en la recevant dans ses bras. Je vais l’asseoir ici ; car il faut qu’elle dorme où elle se trouve.

— Non, non, dit Marguerite, nous allons la conduire dans l’autre chambre, où il y a un grand