Aller au contenu

Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/258

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Oui, monsieur le ministre, répondit Stenson ; j’ai l’oreille affaiblie, il est vrai, mais pas toujours, et j’entends souvent des choses auxquelles je ne veux pas répondre.

— Voulez-vous répondre aujourd’hui ?

— Oui, monsieur, je le veux.

— Reconnaissez-vous dans cette pièce votre écriture ?

— Oui, monsieur, parfaitement.

— Les raisons de votre long silence y sont indiquées, reprit le ministre ; mais la vérité exige plus de détails. La manière dont le baron vous a traité jusqu’à ce jour ne semble pas motiver la crainte que vous aviez de lui, ni les terribles intentions que votre déclaration lui attribue envers d’autres personnes.

Pour toute réponse, Stenson releva les manches de son habit, et, montrant, sur ses bras maigres et tremblants, les traces de la corde qui avait serré ses poignets jusqu’à en faire jaillir le sang :

— Voilà, dit-il, quels jeux s’amusait à regarder le baron quand l’agonie a éteint ses yeux et terminé mon supplice ; mais je n’ai rien avoué. On eût pu briser tous mes vieux os ! je n’aurais rien dit. Qu’importe de mourir à mon âge ?

— Vous vivrez encore, Stenson ! s’écria M. Goefle ;