Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/286

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dangers ; mais j’ai vu les plus terribles spectacles de l’univers, les scènes de la nature les plus austères et les plus grandioses, des gouffres sous-marins où les navires et les baleines sont entraînés comme des feuilles d’automne dans un tourbillon de vent, des rivières qui ne gèlent jamais au milieu de la glace qui ne fond jamais, des cascades dont le rugissement s’entend de plusieurs lieues, des abîmes où le vertige s’empare du renne et de l’élan, des neiges plus dures que le marbre de Paros, des hommes plus laids que des singes, des âmes angéliques dans des corps immondes, un peuple hospitalier au sein d’une misère inouïe, patient, doux et pieux, dans une lutte éternelle contre la plus formidable et violente nature qui se puisse imaginer. Je n’ai point éprouvé de déceptions. Tout ce que j’ai vu est plus sublime ou plus surprenant que tout ce que j’avais imaginé.

» Donc, je suis un voyageur heureux ! Ajoutez que ma santé a résisté à tout, que ma bourse s’est remplie si bien, que je suis à même de m’acquitter envers vous, et d’avoir encore de l’argent devant moi ; enfin qu’après avoir pu étudier la formation géologique d’une longue chaîne de montagnes, je rapporte des trésors, en fait d’échantillons rares et précieux, de quoi faire sécher d’envie l’illustre docteur Stangstadius, et des observations utiles, de quoi devenir,