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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/295

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le goût des gants propres, mais se disant qu’il ne lui était plus possible, quant à lui, d’avoir les mains blanches.

Il s’en retourna à la forge, où il faisait confectionner des outils perfectionnés d’après ses idées et approuvés par les inspecteurs ; mais, au bout d’une heure de travail, car il mettait souvent la main à l’œuvre, il entendit revenir les promeneurs, et il ne put résister au désir de revoir passer la jeune comtesse. Elle lui avait paru un peu grandie, embellie à rendre fou le plus aveugle et le plus maussade des cyclopes.

Comme il entendait les voix encore éloignées, il approchait sans précaution de la galerie où le groupe devait repasser, lorsqu’il se trouva, dans une salle très-éclairée, face à face avec Marguerite, qui, maintenant rassurée et presque habituée déjà aux bruits formidables et aux aspects grandioses de ce séjour austère, venait seule en avant des autres. Elle tressaillit en le voyant. Elle crut le reconnaître ; il enfonça vite son bonnet ; elle le reconnut tout à fait au soin qu’il prenait de cacher sa figure.

— Christian ! s’écria-t-elle, c’est vous, j’en suis sûre !

Et elle lui tendit la main.

— Ne me touchez pas, lui dit Christian ; je suis tout noir de poudre et de fumée.