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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/302

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veut pas souper sans vous là-bas, et je meurs d’inanition !

— Mais que s’est-il donc passé ? s’écria Christian, sans lui répondre, en s’adressant aux ouvriers qui manœuvraient la poulie. Où est l’autre tonneau ? où est l’homme ?…

— La corde s’est cassée, lui répondit l’un d’eux en jurant très-haut et en feignant de déplorer l’événement, tandis que l’autre, se penchant à son oreille, disait à Christian :

— Silence ! nous l’avons lâchée !

— Quoi ! vous avez précipité ce malheureux… ce fou… ?

— Ce malheureux n’était pas fou, répondit le manœuvre. Il cherchait depuis trois jours l’occasion de se trouver seul auprès de toi. Nous le guettions, nous avons vu ce qu’il voulait faire. Nous t’avons descendu à tout hasard un autre tonneau, et, quant à celui où il est, c’est un tonneau gâté, voilà tout !

Christian savait que, dans les mines, à cette époque, on pratiquait la justice expéditive et directe. Il n’en avait que plus de regret et d’inquiétude de ce qui venait de se passer, parce qu’il savait aussi que les gens qui entrent, à un certain âge, dans ce monde souterrain sont quelquefois pris d’accès de fureur involontaire. Il se fit redescendre avec Stangstadius,