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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/305

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et que vous le soyez encore, je partagerai votre fortune, quelle qu’elle soit. J’ai beaucoup travaillé depuis que nous nous sommes quittés ; je saurais maintenant donner des leçons, ou tenir des écritures, comme tant d’autres jeunes filles pauvres qui travaillent, et qui ont le bon esprit de n’en pas rougir, comme mademoiselle Potin de Gerville elle-même, qui est de famille noble, et qui, pour avoir été forcée de tirer parti de ses talents, n’a déchu aux yeux de personne et n’a fait que grandir à ceux des gens de cœur… à preuve, ajouta-t-elle avec une tendre malice en regardant sa gouvernante, qu’elle est fiancée en secret avec le digne major Larrson, et qu’elle n’attend que mon mariage pour célébrer le sien.

Mademoiselle Potin fut bien embarrassée de contredire Marguerite. Elle en voulait à Christian d’insister pour être aimé au moment où sa cause était perdue ; elle fut tout à fait fâchée contre lui quand elle vit qu’il se mettait à la suite de la petite caravane pour traverser les montagnes, et rentrer en Suède par Idre et les montagnes du Blaackdal.

Le lendemain, 12 juin 1772, Christian vit venir au-devant de lui, sur la route des montagnes, l’ami que M. Goefle lui avait annoncé, et qui n’était autre que M. Goefle lui-même, escorté du major Larrson. On s’embrassa, on échangea quelques mots d’ivresse