Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/306

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affectueuse, et on arriva pour dîner au chalet du danneman, qui était tout pavoisé de fleurs sauvages. Karine était sur le seuil, comprenant à demi ce qui se passait et s’habituant difficilement à voir l’enfant du lac sous les traits du beau jeune iarl.

Le repas fut servi en plein air, sous un berceau de feuillage, en vue de cette magnifique perspective de montagnes dont Christian avait admiré, par un jour de décembre, la mâle et mélancolique beauté. La belle saison est courte dans cette région élevée, mais elle est splendide. La verdure est aussi éblouissante que les neiges, et la végétation prend un si rapide développement, que Christian croyait voir un autre site et un autre pays.

On resta dans la montagne jusqu’à six heures du soir. Il ne fut pas question de chasser l’ours, mais de cueillir sentimentalement des fleurs au bord des eaux courantes, et d’écouter le doux murmure ou les roulades impétueuses de toutes ces voix qui semblaient se hâter de chanter et de vivre avant le retour de la glace, où elles devaient encore être changées en cristal par les elfes du sombre automne.

Christian était bien heureux, et cependant il lui tardait de revoir Stenson : mais M. Goefle ne voulait pas que l’on se remît en route, à cause de la chaleur. Le soleil ne devait se coucher qu’après dix heures,