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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/307

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pour reparaître trois heures après, dans un crépuscule étoilé qui ne permet pas aux ténèbres d’envahir le ciel d’été. C’était une surprise que le bon avocat ménageait à Christian. Aussitôt que la fraîcheur commença, on vit arriver en carriole le vieux Stenson triomphant et rajeuni ; grâce à la chaleur de la saison, et peut-être aussi à la joie et à la confiance, il n’était presque plus sourd. Il apportait le décret du comité de la diète qui reconnaissait les droits de Christian, et une lettre de la comtesse Elvéda, qui autorisait secrètement M. Goefle à disposer de la main de sa nièce en faveur du nouveau baron de Waldemora.

En revenant au château avec son oncle Goefle, Christian, qui voyait avec délices la joyeuse réunion de ses dignes amis se dérouler en voiture sur les méandres du chemin pittoresque, fut pris, au milieu de sa joie, d’un accès de mélancolie.

— Je suis trop heureux, dit-il à l’avocat ; je voudrais mourir aujourd’hui. Il me semble que la vie où je vais entrer sera une agression perpétuelle au bonheur simple et pur que je rêvais.

— C’est fort possible, mon enfant, répondit M. Goefle. Il n’y a que des romans qui finissent par l’éternelle formule : « Ils moururent tard et vécurent heureux. » Vous souffrirez au contact de la vie publique, terri-