Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/308

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

blement agitée en ce temps-ci, surtout dans les hautes régions sociales où vous entrez. Je ne sais quels événements étranges se préparent. J’en ai senti comme une révélation dans la dernière entrevue que le roi m’a accordée. Ce jour-là, il m’est apparu à la fois grand et redoutable. Je crois qu’il médite une explosion qui remettra bien des gens à leur place ; mais pourra-t-il et voudra-t-il les y maintenir ? Les révolutions qui devancent le travail du temps et des idées peuvent-elles fonder quelque chose de durable ?

— Pas toujours, dit Christian ; mais elles plantent des jalons dans l’histoire, et, des progrès qui avortent, il reste toujours quelque chose d’acquis.

— Alors, vous seriez véritablement pour le roi contre le sénat ?

— Oui, certes !

— Vous voyez donc bien que votre pensée n’est pas de fuir la tempête, mais de la chercher. Allons, c’est l’instinct de la jeunesse et la fatalité de l’intelligence ! Moi, je dirai amen à tout ce qui nous affranchira de la Russie et de l’Angleterre… Mais comment diable siégerez vous aux états, si vous ne voulez pas reconnaître la religion du pays ?… Ne dites rien ; vous verrez plus tard ce que vous dictera