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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/53

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— N’aie pas peur.

Puis il le conduisit à un des deux lits qui formaient niche transversale dans le fond de la chambre, et, après avoir appelé par trois fois : « Karine, Karine, Karine ! » il tira un vieux rideau de cuir maculé qui laissa voir une forme anguleuse et une figure d’une pâleur effrayante.

C’était une femme âgée et malade qui parut se réveiller avec effort, et que le danneman aida à se soulever pour qu’elle pût regarder Christian. En même temps, il répéta à ce dernier :

— N’aie pas peur !

Et il ajouta :

— C’est ma sœur, dont tu as pu entendre parler ; une voyante fameuse, une vala des anciens temps !

La vieille femme, dont le sommeil avait résisté au bruit du repas et des conversations, parut chercher à rassembler ses idées. Sa figure livide était calme et douce. Elle étendit la main, et le danneman y mit celle de Christian ; mais elle retira la sienne aussitôt avec une sorte d’effroi, en disant en langue suédoise :

— Ah ! qu’est-ce donc, mon Dieu ? C’est vous, monsieur le baron ? Pardonnez-moi de ne pas me lever. J’ai eu tant de fatigue dans ma pauvre vie !

— Vous vous trompez, ma bonne dame, répondit