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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/54

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Christian, vous ne me connaissez pas ; je ne suis pas» le baron.

Le danneman parla à sa sœur dans le même sens probablement, car elle reprit en suédois :

— Je sais bien que vous me trompez ; c’est là le grand iarl ! Que vient-il faire chez nous ? Ne veut-il pas laisser dormir celle qui a tant veillé ?

— Ne fais pas attention à ce qu’elle dit, repartit le danneman en s’adressant à Christian ; son esprit est endormi, et elle continue son rêve. Tout à l’heure elle va parler sagement.

Et il ajouta pour sa sœur :

— Allons, Karine, regarde ce jeune homme et dis-lui s’il faut qu’il vienne avec moi chasser le malin.

Le paysan dalécarlien appelle ainsi l’ours, dont il ne prononce le nom qu’avec répugnance. Karine se cacha les yeux, et parla avec vivacité à son frère.

— Parlez suédois, puisque vous savez le suédois, lui dit Christian, qui désirait comprendre les pratiques de la voyante. Je vous prie, ma bonne mère, expliquez-moi ce que je dois faire.

La voyante ferma les yeux avec une sorte d’acharnement et dit :

— Tu n’es pas celui, dont je rêvais, ou tu as oublié la langue de ton berceau. Laissez-moi tous les deux,