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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/70

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qu’elles les ont conçus, en respirant trop l’air que les trolls de nuit agitent sur les lacs ? Karine avait trop demeuré là-bas, et on sait bien que le lac de Waldemora est mauvais. En voilà assez là-dessus. C’est le secret de Dieu et le secret des eaux. Il ne faut pas mal penser de Karine. Elle ne travaille pas, elle ne sert à rien qui se compte et qui se voie dans une maison ; mais elle est de celles qui, par leur savoir et leurs chants, portent bonheur aux familles. Elle voit ce que les autres ne voient pas, et ce qu’elle annonce arrive d’une manière ou de l’autre. C’est assez parlé, je te dis, car nous voilà devant le fourré, et, à présent, il ne faut plus penser qu’au malin. Écoute-moi bien, et ensuite plus un mot, plus un seul, quand même il irait de la vie…

— Quand même il irait de la vie, dit Christian ému et frappé du mystérieux récit du danneman, il faut que vous me parliez de cet enfant qui a été élevé chez vous. N’avait-il pas aux doigts quelque chose de particulier ?

La figure du danneman se colora, malgré le froid, d’une vive rougeur.

— Je vous ai dit, reprit-il d’un ton irrité, tout ce que je voulais dire. Si c’est pour m’insulter dans l’honneur de ma famille que vous êtes venu manger mon pain et tuer mon gibier, prenez garde à vous ou re-