Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/78

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que redoubler son aversion. En de telles circonstances, il ne pouvait voir en lui qu’un ennemi de l’honneur et du repos de sa mère.

— Qui sait encore, se disait-il, si ce n’est pas lui qui m’a fait enlever pour se dérober à quelque promesse, à quelque engagement contracté envers sa victime ? Ah ! s’il en était ainsi, je resterais dans ce pays. Sans chercher à me faire reconnaître, je me mettrais au service du danneman ; par mon travail et mon dévouement, certes je me ferais estimer de lui, aimer peut-être de cette famille qui est la mienne, et je pourrais m’efforcer de rendre, sinon la raison, du moins la tranquillité à cette pauvre voyante, comme j’avais réussi à ramener le calme dans les rêves de ma chère Sofia Goffredi. Bizarre destinée que la mienne, qui m’aurait ainsi condamné à avoir deux mères égarées par le désespoir ! Eh bien, cette condamnation imméritée, c’est un devoir qui m’est tracé pour arriver à quelque mystérieuse récompense. Je l’accepte. Karine Bœtsoï ne se rappelle peut-être pas qu’elle a perdu son enfant, mais elle retrouvera les soins et la protection d’un fils.

En ce moment, il sembla à Christian qu’on l’appelait. Il regarda devant lui et de tous côtés ; il ne vit personne. Le danneman lui avait dit de l’attendre, il devait revenir le chercher ; Christian hésita ; mais au