Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/80

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— Vite, vite ! ou nous sommes perdus ! cria le danneman, qui avait pris son fusil et semblait guetter quelque chose d’invisible au fond de la tanière.

Christian ne se le fit pas dire deux fois. Présentant aux étreintes un peu affaiblies de l’ours blessé son bras enveloppé de la corde, il l’éventra proprement, mais sans songer que l’animal pouvait tomber en avant, et qu’il fallait se rejeter vivement de côté pour lui faire place. L’ours, heureusement, tomba de côté et entraîna Christian dans sa chute, mais sans que ses redoutables griffes, crispées par le dernier effort de la vie, pussent saisir autre chose que le pan de sa casaque. Ainsi enfoncé dans la neige et pour ainsi dire cloué par le poids et les ongles du malin sur le bord de son vêtement, Christian eut quelque peine à se débarrasser, et il y laissa une notable partie de la veste de peau de renne que lui avait prêtée le major ; mais il n’y songea guère. Le danneman était aux prises avec d’autres ennemis ; il venait de tirer au juger dans l’antre obscur, et un autre malin noir, jeune, mais d’assez belle taille, était venu à sa rencontre d’un air menaçant, tandis que deux oursons de la grosseur de deux forts doguins se jetaient dans ses jambes, sans autre intention que celle de fuir, mais d’une manière assez compromettante pour la sûreté de son équilibre. Le danneman, résolu à périr