Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/81

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plutôt que de livrer passage à sa triple proie, s’était arc-bouté contre les troncs d’arbre qui formaient au repaire une entrée en forme d’ogive naturelle. Il luttait contre le jeune ours, que son coup de fusil avait blessé ; mais, ébranlé malgré lui par les petits, il venait de tomber, et le blessé, furieux, se jetait sur lui, quand Christian, sûr de son coup d’œil et de son sang-froid, brisa d’une balle la tête de l’animal, à un pied au-dessus de celle de l’homme.

— Voilà qui est bien, dit le danneman en se relevant avec agilité.

Mais les deux oursons lui avaient passé sur le corps, et il ne songeait qu’à ne pas les laisser échapper.

— Attendez, attendez ! lui dit Christian en suivant de l’œil les deux fugitifs, voyez ce qu’ils font !…

Les deux oursons s’étaient dirigés vers le cadavre de leur mère et s’étaient glissés et blottis sous ses flancs ensanglantés.

— C’est juste, dit le danneman en frottant son bras, que l’ours noir avait meurtri à travers la corde ; ce n’est pas à nous de les tuer. Nous avons chacun notre proie. Appelle tes camarades ; moi, je suis trop essoufflé, et puis j’ai eu peur, je le confesse Je l’ai échappé belle. Sans toi… Mais appelle donc. Je te dirai ça tout à l’heure.

Et, tandis que Christian appelait de toute la force