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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/83

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cette grande bigarrée était une mère : l’ai-je dit, qu’elle était bigarrée ? Oh ! je l’avais bien vue ; mais je n’avais pas pu bien voir les petits, et, quant à l’ami, je ne l’avais pas vu du tout. On m’avait bien dit que souvent la mère emmenait dans son hivernage un jeune malin qui n’était ni le père de ses petits, ni même un individu de son espèce, pour défendre et conduire ses enfants, dans le cas où elle serait tuée. Je ne le croyais pas beaucoup, ne l’ayant jamais vu. À présent, je le vois et j’y croirai. Si je l’avais cru, j’aurais emmené deux de vous afin que chacun pût abattre une belle pièce ; mais qui pouvait s’attendre à cela ? Ne comptant pas tirer, je n’avais pris mon fusil que par précaution, dans le cas où le herr que je conduisais manquerait son coup et se mettrait en danger. Quant à l’épieu ferré, je croyais si peu m’en servir, que je n’avais pas seulement regardé si celui que je prenais était en bon état… Eh bien, voici ce qui est arrivé, continua le danneman en s’adressant à Christian. J’avais dit que je reviendrais te prendre après avoir posté les autres, et, quand cela a été fait, je pensais revenir droit sur toi ; mais il faut croire que quelque bête avait dérangé mes brisées de la nuit dernière ; car, sans m’égarer précisément, j’ai passé devant la tanière et je ne me suis reconnu que quand il était trop tard pour reculer, La maligne m’a-