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Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/84

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vait entendu ; elle revenait sur moi, parce qu’elle avait des petits. J’ai essayé de lui faire peur avec mes bras pour la faire rentrer chez elle ; elle n’a pas voulu avoir peur, elle s’est levée. Je lui ai fendu le ventre, il le fallait bien, et, en même temps, j’ai appelé par deux fois. Au bruit de ma voix, l’ami s’est montré à l’entrée de la maison, et, pour l’empêcher de se sauver, j’ai couru me mettre devant, sans songer que mon épieu était resté brisé auprès de la mère. Je la croyais morte ; mais, quand j’ai été là, elle s’est relevée, recouchée et relevée deux fois. Alors le temps m’a paru bien long avant de te voir arriver, herr Christian ; car, d’un côté, j’avais la mère, qui, d’un moment à l’autre, pouvait retrouver la force de se jeter sur moi, et, de l’autre côté, l’ami, qui s’était reculé au fond du trou et qui attendait ce renfort pour me chercher querelle, sans compter les deux petits, que je m’attendais bien à avoir dans les jambes quand la bataille serait engagée. Pour faire face à tout cela, je n’avais qu’un coup de fusil, et ce n’était pas assez, je n’osais pas seulement coucher en joue, car, à la vue de l’arme braquée, les malins se décident plus vite. J’ai eu peur, je peux bien l’avouer sans honte, puisque je n’ai pas lâché pied, et que voilà les quatre pièces dans nos mains. J’ai attendu, ça m’a paru un an, et pourtant je crois que tu es