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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/186

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loin la pauvre lazagne, et qui venait, avec une écuelle de bois, recueillir les restes de ce festin. Il s’étonna de me voir là, et tandis que la bonne fille lui donnait les explications qu’il était capable de comprendre, je retournai au salon.

Il me fallut traverser la salle à manger et subir un nouvel assaut de Medora, qui voulait me faire prendre le café. Quand elle eut encore échoué, elle donna à Brumières je ne sais quelle commission au dehors et vint me rejoindre au salon, où Daniella était entrée un instant pour me dire que lady Harriet allait mieux, en ce sens que la fièvre n’augmentait pas.

Quand Daniella vit sa rivale approcher de moi et s’asseoir tranquillement sur le sofa sans daigner s’apercevoir de sa présence, son bras s’enroula autour du mien comme un serpent.

— Peut-on vous parler un instant ? me dit Medora, qui vit ce mouvement mal dissimulé, au coin de la cheminée.

Ma position entre ces deux femmes était la plus ridicule du monde ; mais il vaut beaucoup mieux, selon moi, mériter toutes les railleries de celle que l’on n’aime pas que le moindre reproche de celle que l’on aime. Je retins donc Daniella du regard, et répondis à Medora que j’étais à ses ordres.

— Mais je veux ne parler qu’à vous seul, reprit-elle avec une superbe assurance. Daniella, ma chère, je vous prie de nous laisser. D’ailleurs, vous êtes nécessaire auprès de milady.

— Et moi, répondis-je, j’ai une commission à faire pour milord. J’aurai l’honneur de vous entendre dans un moment moins grave pour votre famille.

J’allais sortir, lorsque Daniella, satisfaite de sa victoire, me retint en disant :

— Ce que demandait milord, on l’a trouvé. Rien ne vous empêche de rester ici et de parler avec la