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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/187

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signora. Qui donc pourrait s’en inquiéter ? ajouta-t-elle à demi-voix, mais de manière à être entendue de sa rivale.

Et elle poussa l’orgueil du triomphe jusqu’à refermer la porte entre elle et nous.

— Cette fille est toujours folle ! dit Medora, dissimulant sa colère.

Et, sans me donner le temps de répliquer, elle reprit :

— Voyons, mon cher Valreg, donnez-moi donc, à propos de M. Brumières, un bon conseil ; j’en ai besoin, et, dans la situation ou nous sommes vis-à-vis l’un de l’autre, vous ne pouvez pas me le refuser.

— Je pense, répondis-je, que vous vous moquez de moi en me prenant pour conseil, moi qui ne sais rien des convenances du monde où vous vivez ; et, quand à notre mutuelle situation, je ne sache pas qu’elle nous crée aucun devoir vis-à-vis l’un de l’autre.

— Pardonnez-moi, c’est une situation sérieuse, et je n’ai rien fait pour me la dissimuler. Je l’ai acceptée, au contraire, en me mettant à votre service ; et, qui pis est, à la merci de mademoiselle Daniella, qui ne se gêne pas pour me le faire comprendre.

— Je pensais que vous aviez assez bonne opinion de moi pour ne pas craindre que Daniella fût ma confidente en ce qui vous concerne.

— Quoi ! vous ne lui avez rien raconté de Tivoli ?

— Rien. J’ai eu plus de discrétion que vous, qui avez tout raconté à Brumières.

— Vous me jurez que vous me dites la vérité ?

— Oui, madame.

— Voilà un étrange oui, madame ! Je sens que vous êtes irrité et offensé de mon doute ; je vous en demande pardon ; mais ne pourriez-vous être moins fier et moins froid ?

— Cela m’est impossible.