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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/277

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ment sa figure et sa manière d’être, qu’il pouvait espérer de n’être pas trop reconnu.

— Explique-moi ta présence à mon mariage, lui dis-je en le reconduisant jusqu’au pianto avec le fermier qui, reprenait par là le chemin de sa maisonnette.

— C’est bien facile. Ce jour-là j’étais envoyé déjà par le prince pour tâter le terrain. J’avais revu miss Medora, et j’avais été mal reçu. Mais le soir même j’y retournai, et je fus mieux écouté ; votre mariage avait changé ses idées. Voilà pourquoi je suis reparti pour chercher les lettres.

— Et as-tu vu Medora aujourd’hui ?

— Non, je vais la voir ; j’ai rendez-vous avec elle chez Felipone pour opérer la restitution, et mon éloquence saura mettre l’entrevue à profit pour les intérêts de mon prince.

— À présent, dis-je à ma femme, quand je fus revenu auprès d’elle sur la terrasse du casino, tu n’est plus inquiète ? Felipone s’en va les yeux bouffis, et il compte dormir comme un homme qui a chassé toute la journée. Brumières a déposé son cadeau aux pieds de son idole ; il est à Piccolomini maintenant…

— Oui, répondit-elle, tout cela paraît ainsi ; mais je ne suis pas tranquille.

— Ah ça ! sais-tu que tu me rendras jaloux de Brumières, avec tes pressentiments et l’exagération de tes craintes ?

— Mon Giovanni, répondit-elle avec candeur, ne sois pas jaloux de M. Brumières ; je me reprochais justement de ne pas assez penser à ce pauvre gardon. Je ne puis songer qu’à mon parrain, qui est bien malheureux, je te le jure ! Je sais ce que c’est que la jalousie ! j’en ai eu le cœur mordu si cruellement ! Je sais ce qu’il roule dans sa tête, ou ce qu’il roulera demain, car, je suppose qu’il ne sache encore rien ; si la Vincenza est, de son côté, jalouse de Brumières,