Page:Sand - La Filleule.djvu/294

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» — Cela… jamais ! a-t-elle dit avec la même énergie d’obstination que vous lui avez vue dès le commencement de sa résolution.

» L’étrange fille n’a pas voulu ajouter un mot, ni changer un iota à ce laconique programme, quelques instances que j’aie pu lui faire.

» — Alors, lui ai-je dit, je vais donc vous dire adieu, et vous laisser indéfiniment ici.

» — Monsieur Clet, s’est-elle écriée en me voyant disposé à partir et en passant ses pauvres petites mains à travers la grille pour me retenir, ne m’abandonnez pas !

» Et les sanglots l’ont étouffée.

» — Que voulez-vous donc que je fasse ? lui ai-je dit encore. Si vous voulez cacher votre ennui et votre déplaisir d’être ici, il n’y a pas de raison pour qu’on ne vous y laisse encore longtemps ; car on ne veut vous en tirer que pour vous marier, et ce n’est pas bien facile à présent, outre que vous êtes fort difficile vous-même. Vous repoussez la protection de l’adorable mamita, vous boudez le duc, vous ne voulez pas vous expliquer avec moi…

» — Tenez ! je ne veux pas vous tromper ! vous êtes un vieil ami et vous me plaignez. Je ne vous aime pas assez pour vous épouser ; sachez-moi quelque gré de ma franchise, et sauvez-moi, puisque je vous sauve d’un malheur et d’une folie.

» — Allons, merci pour cela, Morenita. À présent, que voulez-vous que je fasse pour vous ?

» — Que vous m’aidiez à tromper le duc et que vous me fassiez sortir d’ici en lui laissant croire ce que je vais lui écrire.

» — Vous allez lui écrire que vous consentez à m’épouser ? Ma foi, non, merci ; faites et dites ce que vous voudrez ; mais moi, je ne peux me résigner à un pareil rôle.