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tion de la veille, la Porporina se mit pourtant au clavecin, et commençait à chanter, lorsqu’une porte s’ouvrit derrière elle si doucement, qu’elle ne s’en aperçut pas ; et tout à coup, elle vit dans la glace à laquelle touchait l’instrument la figure du roi se dessiner à côté d’elle. Elle tressaillit et voulut se lever ; mais le roi, appuyant le bout de ses doigts secs sur son épaule, la contraignit de rester assise et de continuer. Elle obéit avec beaucoup de répugnance et de malaise. Jamais elle ne s’était sentie moins disposée à chanter, jamais la présence de Frédéric ne lui avait semblé plus glaciale et plus contraire à l’inspiration musicale.

« C’est chanté dans la perfection, dit le roi lorsqu’elle eut fini son morceau, pendant lequel elle avait remarqué avec terreur qu’il était allé sur la pointe du pied écouter derrière la porte entrouverte de la chambre à coucher de sa sœur. Mais je remarque avec chagrin, ajouta-t-il, que cette belle voix est un peu altérée ce matin. Vous eussiez dû vous reposer, au lieu de céder à l’étrange caprice de la princesse Amélie, qui vous fait venir pour ne pas vous écouter.

— Son Altesse royale s’est trouvée subitement indisposée, répondit la jeune fille effrayée de l’air sombre et soucieux du roi, et on m’a ordonné de continuer à chanter pour la distraire.

— Je vous assure que c’est peine perdue, et qu’elle ne vous écoute pas du tout, reprit le roi sèchement. Elle est là dedans qui chuchote avec madame de Kleist, comme si de rien n’était ; et puisque c’est ainsi, nous pouvons bien chuchoter ensemble ici, sans nous soucier d’elles. La maladie ne me paraît pas grave. Je crois que votre sexe va très-vite en ce genre d’un excès à l’autre. On vous croyait morte hier au soir ; qui se serait douté que vous fussiez ici ce matin à soigner et à divertir ma