Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/105

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peut être aisé à tromper quand on aime ; mais on est brave quand on s’appelle Grimani.

— Je n’en doute point, mademoiselle, répondis-je sur le même ton.

— Je vous prie donc, monsieur, reprit-elle encore avec une véhémence involontaire, de ne plus vous montrer ici ; car toutes ces plaisanteries pourraient mal finir.

— C’est comme il vous plaira, mademoiselle, répondis-je toujours imperturbable.

— Il me paraît cependant, monsieur, qu’elles vous divertissent beaucoup ; car vous ne paraissez pas disposé à les terminer.

— Si je m’en amuse, signora, c’est par obéissance, comme on s’amuse en Italie sous le règne du grand Napoléon. Je voulais me retirer il y a une heure, et c’est vous qui n’avez pas voulu.

— Je ne l’ai pas voulu ? Osez-vous dire que je ne l’ai pas voulu ?

— Je voulais dire, signora, que vous n’y avez pas songé ; car j’attendais que vous me donnassiez un prétexte pour me retirer d’une manière tant soit peu vraisemblable au beau milieu de ma besogne, et il m’était impossible, quant à moi, de l’imaginer. Cela serait si peu naturel dans l’état où est le piano, et j’ai une si ferme volonté de ne rien faire qui puisse vous compromettre, que je reviendrai demain…

— Vous ne le ferez pas…

— J’en demande bien pardon à Votre Seigneurie, je reviendrai.

— Et pourquoi donc, monsieur ? Et de quel droit ?

— Je reviendrai pour satisfaire la curiosité du seigneur Hector, qui est fort intrigué de savoir qui je suis, et j’y reviendrai du droit que vous m’avez donné de faire face à l’homme avec qui vous avez voulu rire de moi.