Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/129

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impossible qu’il ait assez bien vu le seigneur Lélio aujourd’hui pour s’apercevoir plus tard de la supercherie.

— Oh ! signora, l’abbé Cignola est un homme qu’on ne trompe pas.

— Eh ! que m’importe ton abbé Cignola ? Je te dis que je fais croire à ma tante tout ce que je veux.

— Et le seigneur Hector dira bien qu’il ne vous a pas accompagnée à la messe, dis-je à mon tour.

— Oh ! pour celui-là, je vous réponds qu’il dira tout ce que je voudrai ; au besoin, je lui persuaderai à lui-même qu’il était à la messe tandis qu’il se figurait être à la chasse.

— Mais les domestiques, signora ? Le valet de pied a regardé M. Lélio avec un air singulier, et tout d’un coup il a reculé de surprise, comme s’il eût reconnu l’accordeur de pianos.

— Eh bien ! tu leur diras que j’ai rencontré cet homme-là dans l’église, et que je lui ai dit bonjour ; qu’il m’a dit avoir une course à faire dans nos environs et que, comme je suis très bonne, j’ai voulu lui épargner la peine d’y aller à pied. Nous allons le déposer devant la première maison de campagne que nous trouverons sur la route. Et tu ajouteras que je suis bien étourdie, que ma tante a bien sujet de gronder ; mais que je suis une excellente personne, quoique un peu folle, et que c’est bien affligeant de me voir toujours réprimandée. Comme ils m’aiment et que je leur ferai à chacun un petit cadeau, ils ne diront rien du tout. En voilà bien assez ; n’avez-vous pas autre chose à me dire tous deux que des condoléances sur un fait accompli ? Seigneur Lélio, comment trouvez-vous cette triste ville de Florence ? Tous ces vieux palais noirs ferrés jusqu’aux dents n’ont-ils pas l’air de prisons ?

J’essayai de soutenir la conversation d’un air dégagé ; mais