Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/154

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dot, l’impérissable nom des Grimani, il ne songeait qu’à me rendre obéissante, et il se flattait que la dévotion allait assouplir mon caractère. Quelle ardente piété, quelle soif du martyre il eût fallu avoir pour accepter Hector ! On me retira du couvent, il y a trois mois ; le fait est que j’y périssais d’ennui, et que la discipline inflexible que j’avais à subir était au-dessus de mes forces. D’ailleurs, je fus si heureuse de retourner chez ma mère, et elle de me reprendre ! Cependant six semaines de couvent avaient bien changé mes idées. J’avais compris Jésus, que je n’avais prié jusqu’alors que du bout des lèvres. Dans mes heures de solitude, à l’église, dans l’enthousiasme de la prière, j’avais compris que le fils de Marie était l’ami des pauvres laborieux, et qu’il avait méprisé avec raison les grandeurs de ce monde. Enfin que vous dirai-je ? en même temps que j’ouvrais mon cœur à de nouvelles sympathies, ce que dans mon enfance j’appelais intérieurement la honte de ma mère se présenta à moi sous d’autres couleurs, et je n’y pensai plus qu’avec attendrissement. Puis, que se passait-il en moi ? je l’ignore ; mais je me disais : « Si je venais à faire comme maman, si je me prenais d’amour pour un homme d’une autre condition que la mienne, tout le monde me jetterait la pierre, excepté elle. Elle me prendrait dans ses bras, et cachant ma rougeur dans son sein, elle me dirait : « Obéis à ton cœur, afin d’être plus heureuse que je ne l’ai été en brisant le mien. » Vous êtes ému, Lélio ! Ô mon Dieu ! c’est une larme qui vient de tomber sur ma main. Vous êtes vaincu, mon ami ! Vous voyez que je ne suis ni folle, ni méchante ; à présent, vous direz oui, et vous viendrez me chercher demain. Jurez-le !

Je voulus parler ; mais je ne pus trouver un mot, j’avais le frisson. Je me sentais défaillir. Les yeux fixés