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Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/196

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en tête à tête, à l’auberge voisine. Il me fit raconter encore toute mon aventure ; et l’intérêt avec lequel il m’interrogeait sur les plus petits détails, l’air d’anxiété secrète dont il écoutait le récit des circonstances périlleuses où ma vertu s’était trouvée à l’épreuve, me firent bien voir que ce noble cœur était fortement épris d’Alezia Aldini. En même temps qu’il souffrait d’entendre ces récits, il était évident pour moi que chaque preuve de courage et de dévouement que m’avait donnée Alezia enflammait son enthousiasme, et malgré lui ranimait son amour. À chaque instant, il m’interrompait pour me dire :

— C’est beau, cela, Lélio ! c’est beau ! c’est grand ! À votre place je n’aurais pas tant de courage ! je ferais mille folies pour cette femme.

Cependant, quand je lui donnais mes raisons (et je les lui donnais toutes, sans toutefois lui parler de l’amour que j’avais eu autrefois pour Bianca) il approuvait ma sagesse et ma fermeté ; et lorsque malgré moi je redevenais triste, il me disait :

— Courage ! allons, courage ! Encore dix-huit ou vingt heures, et Alezia sera sauvée. Je crois que nous traiterons demain les Grimani de manière à leur ôter l’envie d’ébruiter l’affaire. La princesse emmènera sa fille, et un jour Alezia vous bénira d’avoir été plus sage qu’elle ; car l’amour ne vit qu’un jour, et les préjugés ont des racines indestructibles.

Nous passâmes quelques heures de la nuit à mettre ordre à nos affaires ; à tout événement, Nasi légua sa villa à la Checchina. La conduite de cette bonne fille envers Alezia avait rempli d’estime et de reconnaissance l’âme généreuse du comte.

Quand nous eûmes fini, nous primes quelques heures de sommeil, et, au point du jour, je m’éveillai. Quelqu’un entrait dans ma chambre : c’était Checca.

— Tu te trompes, lui dis-je ; la chambre de Nasi est ici proche.