Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/276

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Eh bien ! mademoiselle, qu’est-ce que votre conscience vous ordonne de faire ?

— Ma conscience, répondit Fiamma sans hésiter, m’ordonne de rester ici, et de vous offrir ce fauteuil comme une marque de respect qui vous est due. »

Jeanne Féline s’attendait si peu à cette réponse qu’elle resta stupéfaite.

Mademoiselle de Fougères n’était pas une personne que l’on pût accuser, comme son père, de courtiser la popularité. On lui reprochait le défaut contraire, et Jeanne n’avait pas compris pourquoi elle était restée mêlée à la foule depuis le commencement de la cérémonie. Enfin son visage s’adoucit ; et, résistant à Fiamma qui voulait la conduire au fauteuil, elle lui dit :

« Non pas moi : il me siérait mal de prendre une place d’honneur devant Dieu qui connaît le fond du cœur et ses misères. Mais voyez ! la doyenne du village, celle qui a vu quatre générations, et qui d’ordinaire a une chaise, est ici par terre. On l’a oubliée à cause de vous aujourd’hui. »

Mademoiselle de Fougères suivit la direction du geste de Jeanne, et vit une femme centenaire à laquelle de jeunes filles avaient fait une sorte de coussin avec leurs capes de futaine. Elle s’approcha d’elle, et, avec l’aide de madame Féline, elle l’aida à se relever et à s’installer sur le fauteuil. La doyenne se laissa faire, ne comprenant rien à ce qui se passait, et remerciant d’un signe de sa tête tremblante. Mademoiselle de Fougères se mit à genoux sur le pavé auprès de Jeanne, de manière à être entièrement cachée par le dossier du grand fauteuil sur lequel la doyenne, qui ne remplissait plus ses devoirs de piété que par habitude, s’assoupit doucement au bout de quelques minutes.

Cependant le curé, qui n’avait pas la vue très-bonne et