Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/320

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tiendrai par la bride, et je vous conduirai à pied jusqu’à la ville.

— Il y a trois lieues ! Je ne le souffrirai jamais. Prenez-moi en croupe.

— Sauvage n’est pas habitué à cela ; il pourrait nous jeter toutes deux par terre ; d’ailleurs il est si petit que nous serions fort mal à l’aise sur son dos. Allons, je cours le chercher ; êtes-vous prête ?

— Je ne me laisserai jamais conduire par vous.

— Il le faut pourtant bien ; ce sera charmant, nous aurons l’air de la Fuite en Égypte.

— Mais que va-t-on dire ? Il ne faut pas nous montrer ainsi dans le village.

— Traversez-le à pied, et attendez-moi au grand buis, à l’entrée de la montagne ; nous irons par la Coursière, nous ne rencontrerons personne. Allons, partez ; j’y serai aussitôt que vous. »

Un quart d’heure après, ces deux femmes cheminaient sur le sentier sinueux de la montagne, Jeanne assise sur le petit cheval et enveloppée dans sa cape. Fiamma marchait devant elle, un petit manteau espagnol jeté sur l’épaule, la bride passée au bras, et de temps en temps parlant à Sauvage pour le calmer ; car il était fort ennuyé d’aller ainsi au pas, et de n’être pas sollicité à caracoler de temps en temps. Cependant, le sentier devenant de plus en plus difficile et escarpé, la nuit commençant à tomber, l’instinct de la prudence le rendit calme et attentif à tous ses pas. Quoique Fiamma marchât comme un Basque, franchissant les roches et se débarrassant des broussailles avec plus de légèreté que Sauvage lui-même, il était sept heures du soir lorsqu’elle aperçut les lumières de la ville. Elle engagea sa vieille amie à mettre pied à terre pour descendre le versant rapide de la dernière colline ; et tandis que Sauvage les