Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/64

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par le sacrement et un redoublement de ferveur catholique, la force qu’elle ne trouvait pas en elle-même, et dont pourtant elle n’avait pas eu besoin avec ses précédents amants, parce qu’ils étaient patriciens et que le monde était pour eux. Mais maintenant l’Église la menaçait, le monde allait la maudire ; combattre à la fois et le monde et l’Église était une tâche au-dessus de son énergie.

Et puis encore, peut-être son amour avait-il diminué au moment où j’en étais devenu digne ; peut-être, au lieu d’apprécier la grandeur d’âme qui m’avait fait redescendre volontairement du salon à l’office, elle avait cru voir, dans cette conduite courageuse, le manque d’élévation et le goût inné de la servitude. Elle croyait aussi que les menaces et les sarcasmes de ses autres valets m’avaient intimidé.

Elle s’étonnait de ne me point trouver ambitieux, et cette absence d’ambition lui semblait la marque d’un esprit inerte ou craintif. Elle ne m’avoua point toutes ces choses ; mais, dès que je fus sur la voie, je les devinai. Je n’en eus point de dépit. Comment pouvait-elle comprendre mon noble orgueil et ma chatouilleuse probité, elle qui avait accepté et partagé l’amour d’un Aldini et d’un Lanfranchi ?

Sans doute elle ne me trouvait plus beau depuis que je ne voulais plus porter ni dentelles ni rubans. Mes mains, endurcies à son service, ne lui semblaient plus dignes de serrer la sienne. Elle m’avait aimé barcarolle, dans l’idée et dans l’espoir de faire de moi un agréable sigisbée ; mais, du moment que je voulais rétablir entre elle et moi l’échange impartial des services, toutes ses illusions s’évanouissaient, et elle ne voyait plus en moi que le Chioggiote grossier, espèce de bœuf stupide et laborieux.

À mesure que ma raison s’éclaira de ces découvertes, l’orage