Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/176

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que nous avons franchi à dos de tortue, et que ce torrent s’engouffre quelque part sous un sol éminemment compact, pour tourbillonner ensuite dans des cavernes invisibles placées sous nos pieds.

― Voilà une merveilleuse explication ! dit Nasias d’un ton de mépris et en me lançant des regards féroces. Donc, tu as mal regardé dans le diamant, ou tu m’as menti. Tu n’as pas vu Laura marcher sur ces eaux trompeuses, tu n’as jamais rien vu qui ait le sens commun et tu t’es moqué de moi. Malheur à toi, écolier ignare, compagnon rebelle et incommode, malheur à toi, je le jure, s’il en est ainsi !

― Attendez, lui dis-je avec fermeté ; ne vous hâtez pas de me supprimer et de m’envoyer rejoindre l’équipage du Tantale et nos Esquimaux conducteurs de pirogues. Il y a peut-être moyen de nous arranger et de concilier toutes nos hypothèses. Avez-vous l’oreille fine ? Croyez-vous qu’à la distance où nous sommes de ce Niagara colossal vous pourriez en entendre le rugissement ?