Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/124

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mais nous étions trop bien dédommagés pour nous plaindre, et Bellamare hésitait à décider si nous irions à Constantinople pour notre compte, ou si nous retournerions en France par l’Allemagne. Le prince nous conseillait ce dernier parti ; la Turquie ne nous donnerait que déceptions, périls et misères. Il nous engageait à nous rendre à Belgrade et à Pesth, nous prédisant de grands succès en Hongrie ; mais il nous pria de ne prendre aucun parti avant une courte absence qu’il était forcé de faire. Peut-être nous demanderait-il encore une quinzaine aux mêmes conditions. Nous promîmes de l’attendre trois jours, et il partit en nous répétant de considérer sa maison comme la nôtre. Jamais il ne se montra plus aimable. Il persistait si bien à prendre Impéria pour Rachel, qu’il lui dit en lui faisant ses adieux :

— J’espère que vous ne garderez pas un mauvais souvenir de mon sauvage pays, et que vous direz un peu de bien de moi à vos généraux et à vos ministres.

Nous restâmes donc fort tranquilles sous la garde des douze hommes de garnison qui veillaient au service de la maison et à celui de la forteresse,