Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/341

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Sixte baissa la tête et se retira en silence. Je ne l’ai jamais revu.

Je voulus encore absoudre celle dont je venais d’apprendre un nouvel égarement. J’allai cueillir une poignée de fleurs dans le pré voisin, et je retournai les répandre sur sa fosse en lui disant :

— Oublie ma blessure, et que Dieu guérisse la tienne !

Le lendemain, je vécus comme dans un rêve, presque sans conscience de ce qui se passait autour de moi. On me demandait des ordres, et je ne comprenais pas de quoi il s’agissait. Enfin je fis un effort pour secouer cette torpeur. Je donnai toutes les clefs et la gouverne de toutes choses au plus ancien et au plus honnête de nos serviteurs ; après quoi, ne prenant avec moi que quelques hardes nécessaires et mes papiers personnels, j’allai attendre chez le docteur le droit de m’en aller, sans que mon départ ressemblât à une fuite.

Trois jours après, Tonino arriva. Il n’osa demander à me voir, et pourtant, dès qu’il se vit maître des biens dont il avait peut-être craint d’avoir à partager avec moi la jouissance, il s’effraya de sa richesse mal acquise et songea à m’offrir une pension. Cette dernière lâcheté lui vint à l’esprit. Morgani savait trop quelle serait ma réponse pour se charger de la commission, il lui refusa dédaigneusement de m’en parler.

Dès que je sus Tonino en possession de la fortune