LE CURÉ. — Ainsi, tous les hommes, selon vous, cherchent sincèrement la vérité ?
JACQUES. — Qui dit chercher, dit chercher ; je n’y vois pas d’équivoque, et quiconque cherche la vérité en sent le besoin. Ment-on à dessein à soi-même ?
LE CURÉ. — Je me suis mal expliqué. J’aurais dû dire que tous les hommes n’aiment pas et ne cherchent pas la vérité.
JACQUES. — Ceux qui ne l’aiment ni ne la cherchent sont ceux qui n’en ont pas la moindre notion. Il faut les instruire et non les maudire.
PIERRE. — Voilà qui est bien dit ! Bonsoir, messieurs, et grand merci pour vos honnêtetés.
FLORENCE. — Moi, j’ai des graines à trier ce soir, et comme maître Pierre, je me lève avec le jour. Au revoir, messieurs, et à vous de tout mon cœur.
LE CURÉ. — Je vous suis. — Adieu, mes chers voisins. Adieu, monsieur Jacques ; je suis votre ami quand même !
JACQUES. — J’y compte bien, cher pasteur.
EUGÈNE. — Attendez, attendez ! Il fait un temps de chien !
LE CURÉ. — Vraiment ? Il faisait si beau quand nous nous sommes mis à table ! En effet… j’entends gronder le vent très-fort.
DAMIEN. — C’est un orage. Vous voulez partir malgré cela ?
LE CURÉ. — Oui, oui, c’est si près ! Voyez, Pierre et le jardinier sont déjà en route.
DAMIEN. — Prenez au moins une lanterne et un parapluie. Tenez !…
LE CURÉ. — Grand merci. Je vous rapporterai cela demain.
SCÈNE XI
DAMIEN. — Il va pleuvoir des hallebardes ! Quelle tempête, après un si beau coucher de soleil !